Charpenterie bois vert

Rareté élevée
Absence de diplôme ou certification
Absence de formation
Faible nombre de détenteurs
Bois
Equarissage d'une poutre
La charpenterie en bois vert utilise du bois coupé récemment et non séché. Elle est mise en œuvre principalement pour la restauration de charpentes anciennes, ou pour les colombages traditionnels.

Description du savoir-faire

  • La charpenterie existe dès l'antiquité ; les premiers temples de Grèce étaient réalisés à partir de bois. Elle prend son essor au Moyen-Âge, avec la création de corporations et le développement de l'assemblage à tenon et mortaise. Les bois sont alors prélevés dans les forêts proches, majoritairement propriété des nobles ou du clergé. Le charpentier maîtrise alors aussi bien les technique de coupes en forêt que l'équarissage et le sciage.  A partir du XIIIe siècle, un droit forestier se met en place, déterminant les usages du bois, la superficie des lieux d'exploitation, avec aussi des principes de gestion raisonnée permettant la régénération de la forêt. Le bois est travaillé dans l'année suivant son abattage, le plus souvent celui-ci est réalisé durant l'hiver et le printemps et l'été son dédiés au travail du bois.
    L'équarrissage de bois vert constituait l'activité principale avec le sciage de long de la filière bois préindustrielles, avant que les charpentes métalliques se répandent au XIXe. Il a été redécouvert par des chercheurs il y a une vingtaine d'années, et est aujourd'hui employé pour la restauration de monuments anciens.
    Source : Pierre Mille, "L'usage du bois vert au Moyen Âge : de la contrainte technique à l'exploitation organisée des forêts", Actes du Ve Congrés international d'Archéologie Médiévale, 1996, https://www.persee.fr/doc/acsam_0000-0000_1996_act_5_1_1212

  • Au contraire des scieries industrielles qui privilégient le bois droit, les arbres utilisés pour la charpenterie de bois vert sont des arbres provenant des coupes d'éclaircies de forêt ou des arbres issus de forêts non gérées, présentant un profil courbe et généralement destiné au bois de chauffage. Les troncs coupés s'appellent des grumes. Le bois n'est pas séché, car en séchant le bois durcit et ne peut plus être travaillé à la main.

  • La charpenterie de bois vert est principalement utilisée sur des chantiers de restauration de bâti anciens. Un diagnostic de la charpente ancienne permet de déterminer son état (détérioration, infiltration, faiblesses structurelles, etc.) et les interventions nécessaires : consolidation, remplacement partiel ou total des pièces de bois.
    Pour l'équarissage, deux lignes sont tracées au cordeau sur la grume à travailler. Puis à l'aide d'une hache lourde à long manche et en se tenant debout sur la grume, le charpentier réalise des entailles en V tout le long du tracé, avant d'éclater avec la hache des parties entre les entailles. Avec une hache plus petite, le plus souvent une doloire avec un tranchant large et courbe, la pièce de bois est "mise au propre", par mouvement vertical.
    Pour l'assemblage des structures, le charpentier peut réaliser un tracé à l'épure, c'est à dire réaliser un dessin à taille réelle au sol à l'aide d'un cordeau. Cette technique constitue l'art du trait de charpente à la française, inscrit en 2009 au patrimoine culturel immatériel français et sur la liste représentative de l'Unesco. Les pièces de bois sont disposés sur l'épure, en respectant plusieurs références : le trait de lignage, la référence de niveau et le trait de ramènerez, c'est à dire une référence de hauteur par rapport au niveau du sol. Puis marqués, afin de pouvoir être repositionner de façon exacte pour la charpente finale. Le piquage au plomb des arases : les arases sont les plans de rencontre de deux pièces de bois placées l'une sur l'autre. Un plomb à piquer est placé contre les pièces de bois sans les toucher car elles ne doivent pas bouger. Le plomb à piquer sert de référence verticale, puis à chaque endroits où les pièces de rencontrent, les écart par rapport à cette référence sont relevés et reportés. Les assemblages sont choisis selon les forces qui s'exerceront sur les différentes pièces de bois, et en tenant compte, qu'en séchant, le bois va se rétracter, notamment pour les assemblages par tenons et mortaises. Il faut donc anticiper les mouvements du bois. Les assemblages bois sur bois sont privilégiés : tenons-mortaises chevillés, queues d'aronde ou d'aigle, car ils sont plus facilement démontables pour de futures restaurations, et les assemblages métalliques (vis, clous, etc.) nécessitent un traitement inoxydable pour ne pas provoquer de fentes ou autre altération du bois.

Environnement économique

    La charpenterie de bois vert est principalement demandée pour la restauration du patrimoine bâti, et notamment des Monuments Historiques. La clientèle est donc constituée de collectivités et de particuliers propriétaires de tels monuments, en lien avec des architectes du patrimoine ou des architectes en chef des Monuments Historiques. Il peut s'agir de châteaux, d'églises, d'abbaye, mais aussi de maisons traditionnelles ou de bâtiment agricoles (longère normande par exemple).

Formation

    Il n'y a pas de formations spécifique au travail du bois vert, mais il est important d'acquérir les bases dans les formations de charpenterie classique (CAP, Brevet professionnel).

Illustrations