Passementerie
Description du savoir-faire
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L'origine de la passementerie remonte dès l'Antiquité, mais son âge d'or se déploie du XVIIe au XIXe siècle.
Autrefois appelés « tissotiers » ou « ribandiers », les passementiers doivent leur nom, aux « passements » : des rubans bordant les vêtements. La profession est identifiée dès le XVIe siècle avec la séparation des ouvriers d'or et de soir, distinguant les personnes travaillant à la main (les passementiers) et celles utilisant des métiers à tisser (les rubanniers). A partie du règle de Louis XIV, l'utilisation de fils d'or et d'argent accroît l'intérêt de la Cour pour la passementerie qui vient orner les rideaux des hautes fenêtres, les rideaux de lits, tentures et sièges. Au début du XIXe siècle, l'invention du métier Jacquard révolutionne la pratique, et les différents styles du siècle (Louis-Philippe, Second Empire, style bourgeois de la IIIe République) eurent largement recours aux éléments de passementerie. Mais au XXe siècle, dès l'entre-deux guerres, le retour à plus de sobriété dans l'ameublement marqué le déclin de la production. L'activité se maintient à travers des campagnes de restauration des collections nationales.
Sources : La restauration des textiles - La passementerie et le tissage au théâtre impérial du château de Fontainebleau, OPPIC (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture) https://www.oppic.fr/rubrique151.html
Article "Un peu d'histoire, la passementerie à travers les siècles", le blog passementerie, https://passementeriedp.canalblog.com/archives/2013/04/03/26824352.html -
Cartisane, bouffette, macaron, chardon, cocorinette, dent de loup, jasmin, lézarde ou mignardise sont autant de termes couramment usités dans les ateliers de passementerie. La richesse du vocabulaire du passementier reflète l’incroyable diversité des créations nées de l’association des savoir-faire des tisseurs, retordeurs, établisseuses…et autres professionnels qui ont élu le fil comme matériau de prédilection.
La transformation d’un fil, qu’il se compose de coton, de soie, de laine ou de rayonne…, en un ornement de passementerie destiné aussi bien à l’ameublement qu’à la mode, implique une chaîne opératoire comportant différentes étapes et se répartissant en trois principaux postes : le retord, le tissage et le travail à l’établi.
Une fois le modèle défini en fonction du style et du tissu ou papier peint avec lequel il doit se marier, les fils sont teints et les écheveaux dévidés sur des bobines ou des tubes.
Avant d’entreprendre toute fabrication, on procède au réassort (ou réassortiment) qui consiste à sélectionner les fils selon leur qualité, leur titrage et leur couleur. Tel un peintre qui exploite toute sa palette, le passementier choisit les fils parmi une gamme de nuances infinie et compose une harmonie de tons parfaitement accordée au tissu ou au papier peint.
Le retord consiste à recouvrir de fils une âme de coton afin de fabriquer les cordelettes fréquemment utilisées dans la passementerie : les câblés (cordons composés de plusieurs branches retordues ensemble et souvent utilisés pour les embrasses) et les apprêts (par exemple, la cannetille, la cartisane, la chaînette, la chenille, la serpentine, la veloutine… qui seront ensuite utilisées au tissage ou au travail à l’établi). L’âme qui mesure une vingtaine de mètres de long est tendue à hauteur d’épaule et tourne sur elle-même grâce à un système d’entraînement. Muni d’une ceinture à laquelle est accrochée la « main », instrument en bois sur lequel sont disposées les bobines de fil et servant de dévidoir, le retordeur progresse d’un pas régulier, dans un mouvement de va et vient, le long de cette âme. Au moyen d’une broche à couvrir en acier qui lui sert de guide, il enroule les fils de couverture sur l’âme veillant à ce que ceux-ci se répartissent bien à plat afin que le câblé ou l’apprêt soit bien stable et ne s’effiloche pas.
Pour fabriquer galons, crêtes, lézardes, franges, effilés…, le passementier met en œuvre la technique du tissage sur métier mécanique Jacquard ou sur métier à main de haute-lisse (les lisses sont tissées vers le haut) et de basse-lisse (les lisses sont tissées vers le bas). Dans tous les cas, il s’agit d’entrecroiser les fils de « chaîne » tendus dans le sens de la longueur avec les fils de « trame » contenus dans une navette. Que le tissage soit mécanique ou manuel, le passementier doit procéder à l’ourdissage, c’est-à-dire à la préparation des fils de chaîne et à leur installation sur le métier à tisser.
Le travail à l’établi ou enjolivure permet de transformer les apprêts réalisés par le retordeur en divers ornements et d’assembler les nombreux éléments composant une pièce de passementerie. Ce minutieux travail est réalisé à la main ou à l’aiguille et il est non mécanisable. Les établisseuses sont ainsi chargées de mettre en forme les embrasses, confectionner notamment des macarons ou des jasmins, orner des franges ou des galons… Elles réalisent aussi les glands à partir de petits moules en bois qu’elles garnissent de fils selon différentes techniques (le satiné, le roulé, le barré, le grappé…) et sur lesquels elles fixent une jupe. Plus qu’un simple travail de finition, l’enjolivure permet de placer la passementerie au rang d’art textile.
Environnement économique
Les ouvrages de passementerie ont servi à l’ornement des vêtements royaux et sacerdotaux, des uniformes militaires puis des tenues d’élégantes mais aussi à la garniture des carrosses ou à la décoration d’ameublement.
Aujourd’hui, la passementerie est toujours employée dans le domaine de l’habillement, s’appliquant aux tenues officielles comme aux créations de haute couture. Le domaine de l’ameublement constitue le marché privilégié des passementiers.
Si on observe une grande diffusion d’éléments de passementerie, il s’agit pour l’essentiel d’articles fabriqués en Asie et en Afrique du nord, notamment en Égypte. Certaines maisons ont d’ailleurs installé des sites de fabrication dans ces régions du monde. Toutefois, il existe encore en France quelques ateliers de passementerie artisanale (moins d’une dizaine) dont la production est destinée à un marché haut de gamme. Ils peuvent répondre aux demandes précises d’une clientèle avertie et souvent exigeante, principalement constituée de professionnels. Ils réalisent ainsi des ornements sur mesure pour des décorateurs, des tapissiers, des antiquaires, des musées, le Mobilier national et des particuliers propriétaires de belles demeures... Cette clientèle est internationale, répartie dans le monde entier (Europe, États-Unis, Émirats Arabes...).
Les passementiers mettent aussi leur savoir-faire au service de la reproduction de passementeries anciennes dans le cadre d’opérations de restauration. Ils effectuent alors des recherches sur les matières et les couleurs avant de mettre en œuvre des techniques anciennes.
Formation
Il n'y a pas de formation spécifique à la passementerie, des initiations peuvent être suivies auprès de professionnels.